Le scénario négaWatt

Sobriété, efficacité et énergies renouvelables un trio essentiel pour renforcer les politiques énergétiques suisses

Des objectifs clairs

A travers son scénario, l’association négaWatt souhaite créer un débat et proposer des solutions aux questions énergétiques et environnementales qui se posent à nous. Les objectifs du scénario sont:

  • Atteindre la neutralité carbone en 2050 au plus tard.
  • Sortir du nucléaire en 2035.
  • Assurer un approvisionnement énergétique renouvelable, national et robuste.

Une baisse forte de la consommation d'énergie

Le scénario négaWatt, c’est une baisse forte de la consommation d’ici 2050 en s’appuyant sur trois piliers:

  • La sobriété; est une démarche volontaire et organisée qui consiste à interroger et faire évoluer nos usages de l’énergie et des ressources naturelles afin de garantir une belle qualité de vie tout en restant dans les limites planétaires. Elle permet notamment de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et notre consommation d’énergie par une évolution à long-terme des modes de vie, organisations collectives et imaginaires. Par exemple, moins chauffer son logement ou minimiser ses déplacements.
  • L’efficacité: diminuer la quantité d’énergie nécessaire à la satisfaction d’un même besoin (isoler les bâtiments, améliorer le rendement des appareils électriques ou des véhicules, etc.) et améliorer les systèmes de production d’énergie. Elle est liée aux techniques utilisées, qui ont au cours des dernières années beaucoup progressée.
  • Le renouvelable: satisfaire les besoins énergétiques par des sources renouvelables.

En 2050, selon le scénario négaWatt, la consommation d’énergie serait de 351PJ dont 93% renouvelables, pour l’ensemble de la Suisse.

La définition de la sobriété de négaWatt Suisse s’inspire de celle de l’association Virage Énergie.

Des mesures réalisables

Les mesures de sobriété inclus dans le scénario négaWatt sont basées sur des évolutions socio-économiques réalistes (chauffer son logement à 20°C au lieu de 22°C, effectuer des trajets en transports publics plutôt qu’en voiture, etc.). Il en est de même pour l’amélioration de l’efficacité des systèmes de consommation/production et pour le développement des énergies renouvelables qui sont réalisables avec des technologies actuelles.

Une vision complémentaire

L’Office fédéral de l’énergie a également élaboré un scénario énergétique pour une consommation de 583PJ en 2050 (351PJ dans le scénario négaWatt). Ce scénario s’appuie uniquement sur une amélioration de l’efficacité des systèmes de consommation-production d’énergie et sur un basculement vers les énergies renouvelables pour obtenir une neutralité carbone en 2050, avec des technologies de captage, de stockage et d’émission négative de CO2.

L’approche de négaWatt est plus robuste, car la sobriété fait chuter la consommation qui sera beaucoup plus facile à satisfaire par des sources renouvelables; avec des technologies plus simples, en minimisant les importations et à moindres coûts. De plus, une consommation faible est un avantage fort pour permettre la sortie du nucléaire en 2035. En effet, fermer une centrale nucléaire implique de compenser sa production par des sources renouvelables ou des importations. Avec une demande moindre, la transition énergétique est facilitée.

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Un tour à vélo?

Si l’on devait produire notre propre énergie en pédalant, toute la population suisse devrait faire chaque jour 9’500 à vélo en 2020 et 3’906km en 2050.

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Petajoule ?

L’énergie finale consommée en 2020 sur une année en Suisse est de 747,4PJ selon l’Office Fédéral de la Statistique. D’accord, mais qu’est ce que cela représente?

le Péta joule (PJ) est une unité de mesure pour quantifier l’énergie. Il s’agit de 1’000’000’000’000’000 de joule (1015 J). Pour ce faire une idée de ce que cela représente, cette valeur peut être convertie en distance à vélo, soit la distance qu’il serait possible de parcourir avec cette quantité d’énergie, ou à l’inverse la distance qu’il faudrait parcourir pour produire cette énergie. En prenant une valeur moyenne de 18’000J dépensées par une personne non entraînée pour parcourir 1 km à plat, il faudrait que cette personne parcoure 55’555’555’556km pour dépenser 1PJ. Mais ce n’est toujours pas très représentatif….

Aussi, il est possible de répartir ces kilomètres sur l’ensemble de la population et sur tous les jours d’une année, ce qui donne:

  • En 2020, avec 8’688’215 habitants en suisse, 1PJ équivaut à 17.5km par jour et par personne à plat.
  • En 2050, avec 10’257’000 habitants en suisse, 1PJ équivaut à 14.8km par jour et par personne à plat.

Ainsi, pour produire l’énergie que nous consommons en 2020 en suisse, il faudrait que toute la population fasse tous les jours 12’660km à vélo et 5’209km en 2050 selon le scénario négaWatt.

Des avantages forts

La force de la démarche négaWatt est la combinaison des trois piliers ; la sobriété et l’efficacité font fortement baisser la consommation, qui peut en conséquence être plus facilement couverte par des énergies renouvelables. Cette démarche présente plusieurs avantages.

  • Faciliter la sortie du nucléaire en 2035.
  • Diminuer plus rapidement les émissions de gaz à effet de serre.
  • Développer un système énergétique autonome et sûr.
  • Accélérer la transition énergétique.
  • Une société plus juste.

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  • Faciliter l’abandon de l’énergie nucléaire en 2035.

  • Réduction plus rapide des émissions de gaz à effet de serre.

  • Développement d’un système énergétique autosuffisant et sûr.

  • Accélérer la transition énergétique.

  • Une société plus juste.

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Mesures

Le scénario négaWatt est une combinaison de mesures qui nous permet de consommer 351 PJ au lieu de 664 PJ en 2050. Par exemple, voici ce qui est possible

  • Chauffez votre logement à 20°C plutôt qu’à 22°C.

  • Réduisez votre temps de douche d’une minute.

  • Optimisez votre espace de vie.

  • Faire plus de vélo.

  • Conduisez une voiture électrique en autopartage.

  • Regroupez différentes activités pour optimiser vos habitudes de mobilité.

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Bilan énergétique

Consommation d'énergie finale

Le scénario NégaWatt indique une consommation d’énergie finale de 351 PJ en 2050, contre 723 PJ aujourd’hui.

En 2050, nous pouvons économiser 134 PJ grâce à la suffisance et 180 PJ grâce à l’efficacité par rapport au scénario de référence (scénario sans suffisance et avec une faible amélioration de l’efficacité). Le secteur du bâtiment reste le plus gros consommateur d’énergie, suivi par l’industrie, le transport de personnes et de marchandises et l’agriculture.

Production brute

Dans le scénario négaWatt 2050, 92 % de l’énergie provient de sources renouvelables, très peu d’énergie est importée et le captage et le stockage du CO2 ne jouent aucun rôle. La majorité de l’énergie provient de l’hydroélectricité, des pompes à chaleur et de l’énergie solaire. La principale source d’énergie non renouvelable en 2050 est l’incinération des déchets.

Par rapport au scénario de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), la baisse de la consommation est un grand avantage, car cela permet de couvrir la demande restante par des énergies renouvelables avec des technologies plus simples, à moindre coût et sans importations importantes. Ceci est particulièrement important si l’énergie nucléaire n’est plus disponible à partir de 2035.

Émissions de CO2

Aujourd’hui, 32 millions de tonnes de CO2 sont émises chaque année en Suisse. Dans le scénario négaWatt, seulement 2,7 millions de tonnes de CO2 seraient émises en 2050, avec peu de technologies de capture du CO2 et aucun stockage de CO2. En 2020, la majorité des émissions proviennent du secteur des transports. En 2050, le plus gros émetteur de CO2 serait le secteur industriel, qui utiliserait l’incinération des déchets pour produire de l’énergie.

Il convient de noter que seules les émissions de CO2 ont été prises en compte dans le scénario négaWatt pour le moment. Les autres gaz à effet de serre (CH4, N20, etc.) ne sont pas pris en compte pour le moment, mais leur inclusion est prévue pour une prochaine version du scénario.

Consommation d’énergie primaire et finale ?

L‘énergie primaire est transformée, avec des pertes, en énergie finale qui est consommée par un utilisateur. Par exemple, la combustion de 2.600 tonnes de charbon fournit 100 PJ de chaleur à partir desquels 40 PJ d’électricité peuvent être produits.

Secteur du bâtiment

Un gros consommateur

Le secteur du bâtiment (résidentiel et tertiaire) est le plus gros consommateur d’énergie, avec 386 PJ en 2020 et 210 PJ en 2050 dans le scénario négaWatt. Le chauffage est le principal poste de consommation, suivi de la consommation d’électricité (appareils électroménagers, éclairage, ordinateurs, etc.) et des besoins en eau chaude. La consommation liée à la climatisation ou aux ordinateurs pourrait augmenter considérablement en raison du changement climatique et de la numérisation croissante de la société.

Mesures

négaWatt propose plusieurs mesures pour réduire la consommation d’énergie dans ce secteur :

  • Chauffage du logement à 20 °C : aujourd’hui, la plupart des logements sont chauffés à 22 °C. Une réduction de la température de 2 °C, par exemple en portant un pull en hiver, permettrait d’économiser 5 PJ en 2050.
  • Réduction d’une minute du temps passé sous la douche : si l’on se douche pendant six minutes au lieu de sept (moyenne), on peut économiser 2 PJ par an.
  • Optimisation de la surface habitable : une grande surface habitable nécessite plus d’énergie pour le chauffage qu’une petite surface habitable. Nous occupons aujourd’hui en moyenne 46 m2 par personne, et la taille des logements n’a cessé d’augmenter au cours des dernières décennies. C’est pourquoi négaWatt fait un certain nombre de propositions pour stopper cette croissance, dont la mise en place de bourses d’échange de logements (par exemple pour faciliter les échanges entre un couple de retraités dont le logement est devenu trop grand après le départ des enfants et une jeune famille qui vit dans un logement devenu trop petit), la construction de logements collectifs adaptés à une ou deux personnes, etc. Par rapport au scénario de référence, cela permettrait d’économiser 13 PJ.
  • Rénovation des bâtiments et installation de pompes à chaleur : les logements actuels ne sont pas toujours bien isolés et sont généralement chauffés au fioul. La mise en place d’une politique de rénovation rigoureuse avec l’installation de pompes à chaleur permettrait de réduire considérablement les émissions de CO2.

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Une randonnée à vélo ?

Si nous devions pédaler pour chauffer nos maisons, nous parcourrions 3 150 km par jour en 2020 et « seulement » 1 240 km en 2050 dans le scénario négaWatt.

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Secteur des transports

Un grand émetteur de CO2

Aujourd’hui, le transport de personnes et de marchandises représente un tiers de la consommation d’énergie et la moitié des émissions de CO2. En 2050, ils ne représenteront plus que 15%, notamment grâce au développement des véhicules électriques, plus efficaces que les moteurs à combustion.

Bien que pris en compte dans le modèle négaWatt, le trafic aérien n’est pas pris en compte dans les valeurs et les graphiques présentés ici, afin de permettre une comparaison avec le scénario de l’Office fédéral de l’énergie, qui ne tient pas compte de ce mode de transport. Aujourd’hui, le transport aérien consomme 59 PJ. En 2050, cette consommation serait de 53 PJ dans le scénario NegWatt.

Mesures

négaWatt propose plusieurs mesures pour réduire la consommation d’énergie du secteur des transports :

  • Développer les infrastructures cyclables en quantité et en qualité : les pistes cyclables doivent notamment être continues et suffisamment larges pour permettre l’utilisation de véhicules de types et de vitesses différents ; le manque de sécurité du vélo dans les infrastructures actuelles empêche l’utilisation croissante de ce mode de transport. La pratique du vélo peut être encouragée par l’amélioration et le développement des infrastructures afin de la rendre plus sûre.
  • Développer les transports en commun sur l’ensemble du territoire : cela rend les transports en commun plus attractifs que la voiture…
  • Promouvoir la mobilité électrique par des mesures politiques appropriées : Ce mode de propulsion consomme beaucoup moins d’énergie et peut être 100 % renouvelable.

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Une balade à vélo ?

L’énergie nécessaire pour faire rouler une voiture sur un kilomètre est équivalente à l’énergie nécessaire pour parcourir 190 km à vélo.

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Secteur industriel

La suffisance pour la croissance économique

Le scénario négaWatt implique une forte délocalisation de l’industrie suisse, ce qui entraîne une augmentation de la consommation d’énergie en Suisse, mais une diminution au niveau mondial, car l’énergie nécessaire au transport des marchandises est économisée. Cette évolution entraîne également une délocalisation correspondante des capitaux.

En ce qui concerne les différentes technologies, plusieurs évolutions sont à prendre en compte. Par exemple, pour le ciment, on utiliserait de nouveaux composants qui consomment moins d’énergie. En outre, un certain nombre de projets encourageraient l’utilisation du bois, ce qui réduirait l’utilisation du ciment et du béton.

Une randonnée à vélo ?

Si nous devions nous déplacer à vélo pour répondre aux besoins de l’industrie, nous devrions parcourir 1 630 km par jour en 2020 et « seulement » 950 km en 2050 dans le scénario négaWatt.

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Méthodologie

La modélisation négaWatt part des différentes utilisations de l’énergie pour en déduire la consommation finale d’énergie. Par exemple, en partant du nombre de kilomètres parcourus par personne et par jour en voiture et du rendement du moteur, il est possible de calculer l’énergie nécessaire pour se déplacer en voiture.

Toutes les activités sont ainsi analysées afin de déterminer l’énergie qu’elles consomment à chaque fois. Cela se fait pour l’année 2020 puis pour l’année 2050, en faisant des hypothèses sur l’évolution future de nos activités et technologies, comme le nombre de kilomètres parcourus par jour et par personne en 2050, le nombre de voitures électriques en 2050 et l’efficacité des moteurs électriques.

La consommation d’énergie de nos activités est ensuite additionnée pour obtenir la consommation totale d’énergie.

Enfin, nous analysons, sous certaines hypothèses, quel système énergétique pourrait assurer la couverture des besoins en énergie.

Tous ces calculs sont effectués par secteur et sous-secteur dans sept sous-modèles : quatre pour le secteur du bâtiment, un pour le transport un pour l’industrie et un dernier pour établir un bilan de la consommation et déterminer ensuite les méthodes de production d’énergie.

Une balade à vélo ?

La consommation finale d’énergie en Suisse était de 747,4 PJ en 2020 selon l’Office fédéral de la statistique (723 PJ selon le modèle négaWatt) et en 2050, la consommation finale d’énergie serait de 351 PJ selon le scénario négaWatt. D’accord, mais qu’est-ce que cela signifie ?

Peta-Joule (PJ) est une unité de mesure permettant de quantifier l’énergie. Elle est de 1’000’000’000’000 de joules (1015 J). Pour s’en faire une idée, on peut convertir cette valeur en distance de vélo, c’est-à-dire en distance que l’on pourrait parcourir à vélo avec cette quantité d’énergie ou, inversement, en distance nécessaire pour produire cette énergie. Si l’on considère qu’une personne non entraînée dépense en moyenne 24 000 J pour parcourir 1 km à vélo, cette personne devrait pédaler 41 666 666 km pour consommer 1 PJ. Mais ce n’est toujours pas très illustratif….

C’est pourquoi nous répartissons ces kilomètres sur l’ensemble de la population et sur tous les jours d’une année :

  • En 2020, avec 8 688 215 habitants en Suisse, 1PJ correspond à 13,1km par jour et par personne.
  • En 2050, avec 10 257 000 habitants en Suisse, 1PJ correspond à 11,1 km par jour et par personne.

Pour produire l’énergie que nous consommons en Suisse en 2020, l’ensemble de la population devrait donc parcourir 9 500 km par jour à vélo et 3 906 km en 2050 dans le scénario négaWatt.

Une balade à vélo ?

Si nous produisions notre propre énergie, l’ensemble de la population suisse devrait parcourir 9 500 km par jour en 2020 et 3 906 km en 2050 à vélo dans le scénario négaWatt, sans tenir compte des dénivelés.

Plus d’informations

Le scénario négaWatt se compose de sept sous-modèles : quatre pour le secteur du bâtiment, un pour le transport, un pour l’industrie et un pour l’établissement d’un bilan de la consommation d’énergie et la proposition ultérieure d’un système de production d’énergie.

Un rapport de synthèse présente les principaux aspects de la modélisation et les principaux résultats sectoriels. En outre, chaque sous-modèle fait l’objet d’un rapport technique.